Jouer avec son père développe précocement la maitrise de soi. En tout cas c’est la conclusion qu’en fait Annabel Amodia-Bidakowska et ses collègues de l’université de Cambridge, qui ont passé en revue 78 études sur le sujet, portant sur des enfants de 0 à 3 ans. 

Cet effet s’expliquerait par le fait que les jeux avec le père sont généralement plus physiques : chatouilles, poursuites, combats « pour rire » … Au-delà du bain pluri-sensoriel de ces activités, toutes ces situations apprendraient à l’enfant à réguler sa force et ses émotions, afin de ne pas aller trop loin. Donc les jeux brutaux et de chutes semblent être un apprentissage indispensable dans le neurodéveloppement de nos enfants. Ce qui ne signifie bien sûr pas que des femmes seules sont incapables d’enseigner ces compétences à leur progéniture, car elles peuvent aussi lui proposer des jeux physiques, même si elles semblent moins le faire en moyenne. Ces résultats restent à confirmer et à préciser par des travaux à plus grande échelle, notamment car les interactions avec le père sont encore bien moins étudiées que celles avec la mère. En tout cas, cela prouve bien que « Tous les hommes ont un père » comme le dit Eliette Abécassis et leur place est trop peu représentée sur le plan du neurodéveloppement de leur enfant. In fine, n’oublions pas que jouer tout court l’implication naturelle du père dans la parentalité améliore le neurodéveloppement.  « Le jeu est un démultiplicateur d’apprentissages » Laurent Bègue-Shankland.

En effet, jouer a des effets positifs sur de nombreuses fonctions cognitives, qui peuvent être mis à profit dans l’enseignement. Grégoire Borst, directeur du laboratoire de psychologie du développement et de l’éducation de l’enfant.  

Sources :

Amodia-Bidakowska et al., Father-child play : A systematic review of its frequency, characteristics and potential impact on children’s development, Developmental Review, le 27 juin 2020.

S. A. Heldstab et al., Allomaternal care, brains and fertility inmammals : who caresmatters, Behavioral Ecology and Sociobiology, doi.org/10.1007/s00265-019-2684-x, 2019.

L. Delalande et al., Complex and subtle structural changes in prefrontal cortex induced by inhibitory control training from childhood to adolescence. Developmental Science, à paraître.

S. Franceschini et al., Action Video Games Make Dyslexic Children Read Better. Current Biology, vol. 23, pp. 462–466, 2013.

A. Diamond et al., Preschool program improves cognitive control. Science, vol. 318, pp. 1387–1388, 2007.