Non ! Il s’agit bien là d’une idée reçue, car l’hyperactivité a une définition bien précise et ne s’applique pas à tous les enfants agités. L’hyperactivité est caractérisée par une agitation motrice, des comportements impulsifs, allant de pair avec une difficulté à fixer son attention.

Les signes de l’hyperactivité, aussi nommée instabilité psychomotrice, puis trouble du déficit de l’attention avec (ou sans) hyperactivité (TDAH), se manifestent très précocement. Certaines mères de famille nombreuse peuvent même décrire une hypermotilité fœtale. L’agitation est visible dès le deuxième semestre et spectaculaire dès que l’enfant se met à marcher. Il touche à tout, ouvre les portes, s’amuse à recommencer inlassablement les mêmes activités. Il convient de souligner qu’au-delà de cette grande activité, l’enfant est plutôt gentil et avenant. Dès qu’il se met à parler, il se caractérise par un babil incessant.

Quels sont les symptômes de l’hyperactivité motrice ? On a pu répertorier plusieurs traits apparaissant avant l’âge de six ans et persistant au moins six mois. Énumérons-en quelques-uns. Sur le plan moteur : l’enfant agite ses mains et ses pieds, a du mal à rester assis et se tortille sur sa chaise. Il passe d’une activité à une autre, parle sans arrêt, même pour ne rien dire, ne sait pas jouer en silence ; il se lance dans des activités physiques dangereuses sans en mesurer les risques.

En ce qui concerne l’attention : il n’écoute pas ce qu’on lui dit, ne respecte pas les consignes des adultes, répond aux questions avant que l’on ait fini de les formuler, interrompt ses camarades, est sans cesse distrait par les stimulus extérieurs, n’attend pas son tour dans les jeux, perd sans cesse les objets. Enfin, il est souvent « dans la lune » et ne sait pas se concentrer à l’école.

On estime que si plus de la moitié de ces signes se manifestent en tous lieux, en toutes circonstances et à n’importe quel moment de la journée, le diagnostic est avéré. Certains hyperactifs n’auraient que les troubles moteurs, d’autres seraient surtout touchés par les troubles de l’attention, mais la majorité présente une hyperactivité mêlant les deux formes. Par ailleurs, l’enfant n’est ni agressif ni colérique et, paradoxalement, il dort bien. Les garçons sont plus souvent atteints que les filles, et trois à six pour cent des enfants d’âge scolaire sont concernés.

On a tendance à croire que seuls les enfants sont hyperactifs. Il n’en est rien : 45% des enfants hyperactifs présentent encore certains aspects du trouble à l’âge adulte : impulsivité, mauvaise organisation du temps, comportement apparemment désordonné. Ils ont aussi une tendance à l’addiction supérieure à la moyenne, qu’il s’agisse de jeux, d’alcool, de tabagisme, voire de drogues.

Ce trouble aurait des causes neurologiques et congénitales dans 70 à 80 pour cent des cas. On sait aujourd’hui que les neurotransmetteurs dopamine et noradrénaline seraient en concentrations anormales dans les zones du cerveau responsables du contrôle et de l’inhibition. Un examen neurologique montre d’ailleurs de légers désordres neurologiques d’origine centrale, tels que des tremblements des doigts ou une coordination motrice mal assurée. Il existe fréquemment des troubles associés (retard de langage, dyslexie, dysorthographie).

Ce symptôme diffère d’un trouble avec lequel on le confond souvent : la turbulence réactionnelle. Il s’agit, en plus de l’agitation, d’une opposition et d’une agressivité marquées. Elles apparaissent brutalement, à un stade moins précoce que l’hyperactivité. Cette agitation « acquise » exprime une inquiétude ou un conflit affectif. Comme dans l’hyperactivité constitutionnelle, l’enfant ne reste pas en place, se fait remarquer par des mouvements désordonnés ou un bavardage incessant ; mais à la différence du premier symptôme, cette pétulance survient dans des conditions particulières ou des lieux précis : par exemple, face à un professeur que l’enfant n’apprécie pas ou à la maison, à la suite d’un conflit parental. Il se double de bouderies et de mauvaise humeur. Bien souvent, le sommeil est perturbé.

Comment prendre en charge ces enfants ? 

Vis-à-vis des cas les plus invalidants, un neurologue peut prescrire un traitement médicamenteux : la méthylphénidate, substance qui augmente la concentration de la dopamine et de la noradrénaline ; sa prescription est soumise à une réglementation très stricte, car il s’agit d’un dérivé amphétaminique donc d’un produit dit « stupéfiant ».

Outre-Atlantique, elle a été expérimentée avec succès, mais son usage reste controversé en France. Il revient à chaque famille d’évaluer avec le praticien les avantages et les risques pour l’enfant à traiter. En ce qui concerne la turbulence réactionnelle psycho-affective, il faut envisager, s’il y a lieu, une psychothérapie familiale ou cognitivo-comportementale. Enfin, avec les enfants zappeurs, les parents doivent être conseillés pour mettre en place des pratiques éducatives structurantes et donner à l’enfant un « mode d’emploi social ». Ainsi, tous les enfants agités ne sont pas atteints d’hyper-activité avec troubles de l’attention, mais quelle que soit la cause de leur comportement, ils doivent être pris en charge d’une façon adaptée.

Source : d’après Cerveau et psycho