Processus cognitifs impliqués dans le geste :
- La coordination est l’organisation des différents degrés de liberté impliqués dans la réalisation d’une action (Albaret et Chaix, 2015). Le terme de coordinations motrices fait référence à la notion de geste, c’est-à-dire d’une activité motrice complexe mettant en jeu des séquences motrices :
- Anticipées et organisées en programme moteur pour devenir geste conçu comme un tout ;
- Apprises et répétées pour devenir éventuellement geste automatisé (par automatisé, on entend que le geste est réalisé sans prêter attention à son déroulement durant le temps de réalisation) ;
- Orientées dans un but pour devenir geste efficace (par efficace, on entend les trois qualités de rapidité, fluidité et précision).
Comment est réalisé un geste ?
Dans un souci de pédagogie et de clarté pour la réflexion clinique, on pourrait décrire comment un dessein moteur passe par une succession de processus mentaux afin de parvenir à développer un geste digne de ce nom, c’est-à-dire rapide, fluide, précis.
Pour comprendre ces différentes instances qui régissent la motricité organisée, nous convoquons notre expérience sur les sujets avec lésions cérébrales avérées (par définition, ces situations sont exclues des tdc mais elles sont intéressantes pour éclaircir le développement d’un mouvement qui a perdu un potentiel constitutif du geste)
En conclusion, nous souhaitons témoigner que nous observons fréquemment des troubles de la motricité pour des enfants qui inscrivent leur symptomatologie dans un profil plus large de troubles du neuro-développement. Pour ces enfants dont la motricité est peu ou mal investie, il nous paraît essentiel d’explorer leurs forces et leurs fragilités à utiliser leur corps, afin d’en délimiter le cadre, d’en déterminer l’ampleur et de justifier ou pas un accompagnement à cet égard. N’est-ce pas aussi par le corps que le lien au monde, le lien à l’autre peut se créer ?
Ainsi, même si les troubles moteurs et plus précisément le trouble développemental des coordinations ont une expression peu visible, il apparaît qu’un accompagnement mené sur le terme de plusieurs années, avec une équipe pluridisciplinaire et avec la collaboration étroite des parents, amène vers un réel mieux-être de l’enfant et vers une possibilité d’explorer jusqu’à l’extrême ses zones de compétences.
À l’heure actuelle, le diagnostic selon les critères du dsm 5 peut être porté dès l’âge de 4 ans. Ne faisons pas l’économie de questionner ces troubles moteurs. Nous pourrions ainsi permettre d’éviter que ne se crée – dans l’esprit des enfants et de leurs parents – le sentiment d’échec programmé.
Au-delà des difficultés motrices, il nous appartient, à nous professionnels du soin, d’accompagner cet enfant, cette famille vers une qualité de vie, une réussite personnelle, en intégrant la réalité des difficultés motrices à leur projet de vie, quitte à en remanier les contours et à profiter des aménagements – scolaires tout particulièrement – actuellement possibles.