Un traitement efficace

L’efficacité du méthylphénidate est établie : il permet d’éviter l’apparition de problèmes sérieux et de sortir certains enfants de situations catastrophiques d’échec scolaire, de redoublements multiples et de mauvaise orientation, ou même d’exclusion sociale. À ce titre, le risque de présenter à l’adolescence un syndrome dépressif ou des conduites à risque, telle la délinquance ou la toxicomanie, est bien supérieur chez des enfants non traités que chez des enfants traités. Malgré ces avantages, la prescription de méthylphénidate ne doit être envisagée que lorsque l’intensité des symptômes et leurs répercussions scolaires ou sociales le justifient pleinement, et ce toujours en accord avec les parents et l’enfant. En France, ce médicament est utilisé sur une courte période (un ou deux ans), parfois uniquement pendant les jours d’école. Dès lors, il faut lui imposer un cadre éducatif ferme et bienveillant, en évitant les sanctions systématiques, sans effet. Il faut rappeler très souvent les règles : ne pas couper la parole et attendre son tour, regarder avant de traverser la route.

Devant un surcroît d’agitation, on permettra à l’enfant de se défouler, de se lever de table pour aller chercher l’eau ou le sel. Pour le travail scolaire le soir à la maison, il est impératif de réduire au maximum toutes les sources de distractions possibles en évitant par exemple de faire les devoirs devant la télévision ; limiter les accessoires, jouets et affiches présents devant ou sur le bureau. Toutes les situations offrant de multiples stimulations gênent l’enfant en favorisant l’éparpillement et la distractibilité. Toujours sur le plan éducatif, l’hygiène de vie, notamment sur le plan de l’alimentation et du sommeil, compte également : les boissons sucrées et excitantes doivent être contrôlées – notamment le soir avant d’aller au lit. Les heures de coucher doivent être régulières en semaine tout comme le week-end, afin d’offrir une bonne récupération.

Pour des bonnes pratiques non médicamenteuses il en va donc de mesurer en première intention l’Empan attentionnel de l’enfant c’est-à-dire le temps maximum d’attention soutenue que son enfant peut avoir (+/- 15 minutes selon les études). L’utilisation d’objet de matérialisation du temps peut donc être utilisée à l’instar du time-timer ou d’un sablier. De surcroit, l’adulte séquencera les tâches en fonction de l’empan de l’enfant et proposera une alternance avec activités de jeu peu couteuse sur le plan attentionnel.

Les thérapies cognitives et comportementales, l’avenir

La prise de conscience par l’enfant de ses difficultés, ce que l’on nomme métacognition. Une série d’exercices permet à l’enfant de mettre en application chaque stratégie visant à sa rééducation. Dans le cadre d’une thérapie cognitive, l’enfant peut se mettre dans la peau d’un personnage auquel est attribuée une fonction cognitive : architecte (réflexion avant l’action, organisation, planification), menuisier qui réalise minutieusement les travaux en respectant la procédure de l’architecte (réalisation, précision), un autre encore est chef de chantier et contrôle la réalisation du travail (vérification, surveillance, analyse des erreurs, autocritique). Dans le cadre d’une thérapie comportementale, l’impulsivité peut être travaillée au jour le jour dans des situations où l’enfant aura pour tâche de freiner son impulsivité naturelle pour ne pas se mettre en danger, et d’apprendre à réfléchir avant d’agir. Ces approches sont des thérapies courtes, simples et efficaces.

Si le trouble de l’attention peut être pris en charge grâce à un diagnostic précis et des thérapies appropriées, il convient d’avoir une réflexion sur les nouveaux modes de vie qui changent nos habitudes. Les rythmes de vie s’accélèrent, les habitudes (horaires, alimentation) changent et les informations que nous recevons sont beaucoup plus rapides et plus nombreuses. Tout cela nous oblige à traiter en temps réel un nombre considérable d’informations sans avoir le temps d’analyser et de réfléchir pour comprendre les phénomènes qui nous entourent. Savoir contrôler son attention de façon à sélectionner les informations pertinentes devient un enjeu essentiel aujourd’hui. La culture en général et la pédagogie en particulier doivent relayer, plus que jamais, les vertus de l’analyse et de la réflexion.

La relaxation mise au banc ?

Depuis peu, les études montrent de plus en plus que les techniques telles que la relaxation n’ont pas d’effets bénéfiques à long terme. Elles peuvent être très efficace à l’instant t mais ne diminue pas la recherche de sensations proprioceptives et vestibulaires (le substrat neurologique de l’agitation motrice).

Et concrètement ?

L’attention se rééduque comme n’importe quelle compétence exécutive (ex : impulsivité) à l’instar du kinésithérapeute qui rééduque une tendinite de cheville. Je vous renvoie à l’article sur la plasticité cérébrale et l’apprentissage. Il ne s’agit pas d’éteindre l’hyperactivité motrice puisque c’est la conséquence d’un surtraitement neurologique à minima. Il s’agit simplement de rendre cette agitation fonctionnelle au travers d’activités comme le sport. Il est à noter que de nombreux sportifs de haut niveau sont hyperactifs. Et je vous parle en connaissance de cause … L’attention et l’impulsivité s’entraîne par la plasticité cérébrale au travers de nombreuses activités à la portée de tout un chacun.

  • Les jeux de société : jungle speed, 1 2 3 soleils, Kappla, dobble, puissance 4, mikado, les labyrinthes
  • La puissance des Cherche et trouve, Où est Charlie ? à consommer sans modération.
  • Bazar Bizarre, Cartador, memory, les mandalas
  • Le renforcement positif : ces enfants ont besoin plus que la moyenne d’encouragement et de récompenses sociales fortes.
  • Construire des cabanes en forêt, se balader en montagne.
  • Pratiquer le maximum d’activités sportives par semaine. Et le sport numéro 1 pour les troubles de l’attention et hyperactivité c’est l’escalade.

Auteur : Loïc Pouget Galtier

Sources :

Vania Herbillon, psychologue spécialisée en neuropsychologie pédiatrique.

G. Tripp et al., Neurobiology of ADHD, in Neuropharmacology, vol. 57, pp. 579-589, 2009.

M.-J. Challamel et al., Le sommeil de l’enfant, Masson, 2009.

N. Bedoin et al., Dyslexie de surface chez l’enfant et déficit de l’inhibition des détails : aide au diagnostic et remédiation, in A. Devevey (sous la direction de), Dyslexies : Approches thérapeutiques, de la psychologie cognitive à la linguistique, Troubles du développement psychologique et des apprentissages, Solal, 2009.

T. Brown, Attention deficit disorder : The unfocused mind in children and adults, Yale University Press, 2006.

J. Biedermanet al., Attention-deficit hyperactivity disorder, in Lancet, vol. 366, pp. 237-248, 2005.